đź“° PĂ©dophilie, l’Eglise en procès mĂ©diatique

Hier soir encore, l’Eglise catholique Ă©tait Ă  l’honneur dans les mĂ©dias, avec une soirĂ©e intĂ©gralement consacrĂ©e Ă  ses affaires de pĂ©dophilie. En plein CarĂŞme, France 3 a en effet diffusĂ© en première partie de soirĂ©e le documentaire PĂ©dophilie, un silence de cathĂ©drale, suivi d’un « dĂ©bat ». Un « marronnier », qui refleurit chaque annĂ©e, mais qui lasse : seuls 6% des tĂ©lĂ©spectateurs se sont infligĂ©s le documentaire.

Deux prĂ©cautions oratoires tout d’abord :

  • d’une part la pĂ©dophilie est considĂ©rĂ©e par l’Eglise comme Ă©tant une abomination, un pĂ©chĂ© mortel, qui coupe par consĂ©quent celui qui commet ou couvre un tel acte de la grâce divine ;
  • d’autre part il n’est pas question ici de minimiser la souffrance des victimes, ni de remettre en cause la vĂ©racitĂ© des faits relatĂ©s dans ce documentaire.

Un documentaire à charge, mais une démonstration fragile et usée

Premier constat : la place prĂ©pondĂ©rante donnĂ©e aux tĂ©moignages, Ă  la parole des victimes, pas moins de 12 personnes reviennent longuement sur leur agression. Cette succession de rĂ©cits douloureux est entrecoupĂ©e de brèves incises, paroles « d’experts » : Christian Terras, Directeur de la revue catholique ultra-progressiste Golias et Arnaud Fossier, MaĂ®tre de confĂ©rences en histoire mĂ©diĂ©vale.

Second constat : les rĂ©cits relatent des faits souvent prescrits ou n’ayant pas toujours entraĂ®nĂ©s de condamnation judiciaire, et sont de nature et de niveau de gravitĂ© très diffĂ©rents : d’une caresse dĂ©placĂ©e dans un dortoir Ă  une sĂ©rie de viols sur plusieurs annĂ©es.

Le mĂ©canisme argumentatif est simple : donner la part belle aux tĂ©moignages pour mieux les instrumentaliser au travers des courtes interventions partisanes « d’experts ». Pour rĂ©sumer, le documentaire soutient les trois thèses (habituelles) suivantes :

  1. La pĂ©dophilie dans l’Eglise catholique est beaucoup plus importante que dans n’importe quelle autre institution
  2. Cette sur-reprĂ©sentation s’explique par le cĂ©libat des prĂŞtres qui trouveraient en les jeunes garçons des exutoires dociles Ă  leurs frustrations sexuelles
  3. L’Eglise couvre de manière systĂ©matique les affaires de pĂ©dophilie depuis toujours

Quelques citations tirées du documentaire qui viennent soutenir ces thèses :

« A la perversion d’un prĂŞtre, se croise la perversion d’un système… on est dans ce que j’appelle une mafia » Christian Terras

« ProtĂ©ger ses membres de la justice des hommes, une pratique ancienne de l’Eglise, qui plonge ses racines dans les profondeurs du moyen-âge… le système des pĂ©nitences, pour gĂ©rer en interne les affaires dĂ©licates … 800 ans d’affaires Ă©touffĂ©es en secret » voix-off du documentaire

Trois thèses que nous pouvons facilement réfuter, une à une, de la manière suivante :

  1. Tout d’abord, et le journaliste le rappelle rĂ©gulièrement tout au long du documentaire, en matière de pĂ©dophilie la prise de parole est pour le moins complexe. Il est par consĂ©quent d’autant plus complexe de quantifier ces phĂ©nomènes et de faire porter Ă  telle ou telle institution une telle responsabilitĂ©. Enfin, Ă  l’inverse de certaines autres religions qui mettent en valeur la pĂ©dophilie, l’Eglise la rĂ©prouve sans ambiguĂŻtĂ© et ce depuis le Ier siècle.
  2. Le lien entre frustration sexuelle et pĂ©dophilie n’a jamais Ă©tĂ© Ă©tabli. A la suite de Notre Seigneur JĂ©sus Christ et de ses apĂ´tres, les prĂŞtres choisissent le cĂ©libat pour mieux se consacrer Ă  Dieu et au salut des âmes des fidèles. Il s’agit bien d’un choix, d’un don total. D’autre part, lorsqu’un prĂŞtre se soumet Ă  son appĂ©tit sexuel, pourquoi l’orienterait-il spĂ©cifiquement vers un enfant, de sexe masculin, qu’il violerait, plutĂ´t que vers une femme, majeure et consentante ? Enfin, on le sait, la majoritĂ© des crimes pĂ©dophiles sont commis au sein des familles et par des personnes qui ne sont absolument pas contraints au cĂ©libat.
  3. Que l’Eglise ne soit pas Ă  l’aise avec de telles affaires est une chose, mais qu’elle mette en place un système visant Ă  couvrir tous les actes de cette nature en est une autre ! Question : en quoi cette prĂ©tendue « culture du silence » a-t-elle jamais pu empĂŞcher une victime d’alerter ses parents ou de porter plainte ?

Revenons plus particulièrement sur les arguments apportĂ©s par l’historien Arnaud Fossier et qui font figure d’arguments d’autoritĂ©, arguments bien fragiles en vĂ©ritĂ©.

« Dès le moyen-âge l’Eglise met en place des mĂ©canismes, des procĂ©dures qui lui permettent d’Ă©touffer les scandales commis par les ecclĂ©siastiques selon un principe qu’elle appelle elle-mĂŞme le principe de Correction fraternelle » Arnaud Fossier

Il est en effet ici question de « scandale » et non de crime. L’homme d’Eglise a une triple responsabilitĂ© : devant Dieu, devant l’Eglise et devant la sociĂ©tĂ©. Si un prĂŞtre entretient une relation avec une femme, il mène une double vie, c’est un « scandale », et si un autre prĂŞtre en est informĂ© il est de son devoir de lui faire rejeter le pĂ©chĂ© et donc de l’inciter Ă  mettre fin Ă  cette relation, c’est la « correction fraternelle ». Mais quand un prĂŞtre commet un acte pĂ©dophile non seulement il devra rendre des comptes devant Dieu, mais Ă©galement Ă  l’Eglise ainsi qu’Ă  la sociĂ©tĂ©. L’historien fait, je pense, rĂ©fĂ©rence au Canon 1341 « L’Ordinaire aura soin de n’entamer aucune procĂ©dure judiciaire ou administrative en vue d’infliger ou de dĂ©clarer une peine que s’il est assurĂ© que la correction fraternelle, la rĂ©primande ou les autres moyens de sa sollicitude pastorale ne peuvent suffisamment rĂ©parer le scandale, rĂ©tablir la justice, amender le coupable. » Le Canon 1341 n’empĂŞche ni l’évĂŞque d’engager des poursuites, ni la victime de porter plainte, la rĂ©demption et donc le salut des âmes restant dans l’Eglise la loi suprĂŞme.

Une triple peine pour les catholiques

Encore une fois, la peine des victimes n’est pas oubliĂ©e, elle est mĂŞme au cĹ“ur de celle ressentie par les catholiques pratiquants. C’est d’abord cette douleur, en particulier, qui assaille le cĹ“ur de chacun d’entre nous.

Ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens, c’est Ă  moi que vous le ferez

Les mĂ©dias reprochent en permanence aux catholiques de s’opposer fermement Ă  l’avortement, pourquoi nous faire alors le procès de ne pas ĂŞtre touchĂ©s par la souffrance d’un enfant violĂ© alors que nous dĂ©fendons l’enfant avant mĂŞme sa naissance ? En tant que catholique nous sommes Ă©galement blessĂ©s par le pĂ©chĂ© commis par l’homme d’Eglise, en qui nous avons par nature une confiance et un respect tout particulier. Nous sommes enfin blessĂ©s et salis par les amalgames, les gĂ©nĂ©ralisations et les procès d’intentions honteux orchestrĂ©s par les mĂ©dias comme en tĂ©moigne la rapide analyse du documentaire que nous venons de rĂ©aliser.

Cette triple peine, aucun autre croyant, d’aucune autre religion n’a a la subir, et pourtant, aucune autre religion n’a condamnĂ© si fermement la pĂ©dophilie que ne le fait la religion catholique depuis 2 000 ans.

Prions pour les victimes, pour leurs bourreaux et pour l’Eglise !

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